Hotel Silken Puerta América Madrid

Madrid

L’Espagne est un des pays européens qui a connu une des transformations les plus radicales et passionnantes du siècle dernier : étouffée et meurtrie par le joug du franquisme, l’Espagne libérée relève la tête dès 1975 et connaît alors un âge d’or culturel et économique qui perdure jusqu’au milieu des années 2000. La péninsule devient le modèle à suivre, un exemple de joie de vivre dont la vie nocturne devient légendaire et enviée à travers tout le continent.

La capitale du pays, Madrid, illustre bien cette histoire mouvementée et ce désir d’aller de l’avant qui semble caractériser l’âme espagnole. Ville cosmopolite, siège politique et royal, Madrid n’en conserve pas moins un côté provincial, comme si son statut de capitale lui était tombé dessus malgré elle. D’où le charme d’une ville culturellement riche avec des musées tels que le Prado, le Thyssen, le Reina Sofia, et surtout le berceau d’un mouvement culturel emblématique : la Movida, littéralement le mouvement, toujours profondément ancré dans les traditions ibériques et préservant l’authenticité d’un pays ouvert au monde et aux changements mais soucieux de préserver son identité.

Le temple du design

L’hôtel Puerta America est un projet hors norme, tellement fou qu’il pourrait être né à Dubaï. L’idée, sous forme d'équation, donne ceci : 19 designers + 13 nationalités + 12 étages = le grand hôtel design jamais réalisé. Chaque designer - que des grands noms cela va sans dire - a réalisé un étage de l’hôtel. Seul contrainte : réaliser 30 chambres et suites. Tout le charme de ce lieu unique réside donc dans les différents styles qui l’habitent et l’habillent à la fois dans les ruptures et dans l’homogénéité qui transparaît malgré tout.

La façade déjà interpelle. Réalisée par l’architecte français Jean Nouvel, qui a aussi réalisé le 12e étage, elle s’impose avec ses couleurs et les fragments d’un poème de Paul Eluard écrit dans plusieurs langues. Un bâtiment qui détonne dans un quartier peu touristique, où cet hôtel est la seule attraction. Mais quelle attraction !

La réception conçue par John Pawson est encore relativement sobre, tout en bois, élégante. Le premier étage réalisé par la fameuse Zaha Hadid est tout en fluidité, lignes courbes et pureté monochromatique. Ici tout semble jaillir d’un seul et même mouvement… Futuriste ? Au sixième étage, Marc Newsom crée un espace qui joue sur l ‘idée du miroir avec du bois laqué rouge et un jeu de lumière éblouissant. Ron Arad s’est vu confier le septième étage qu’il a imaginé avec les formes sinusoïdales et elliptiques qu’on lui connaît.

Au dixième étage, Arata Isozaki apporte sa touche en utilisant des panneaux de séparation provenant de la tradition japonaise. À noter aussi le restaurant gastronomique Lagrimas Negras « larmes noires » imaginé par Christian Liaigre qui, en utilisant du cuir, du chêne et de la pierre a créé un endroit magique, véritable ode à la flamboyance madrilène.

Autre lieu d’exception : Le Marmo Bar dont le bar est constitué d’une seule pièce de marbre italien de Carrare mesurant 8,5 mètres de long. La pièce originale pesait 6 tonnes et a été installée sur le site de l’hôtel avant même la pose de la première pierre. Impossible sinon de la faire rentrer !